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Pas celui qu'on croit - Extraits

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Deux fauteuils, luxueux. Dans un coin (que j’imagine plutôt en avant-scène), une plante verte grimpante, élégante mais qui ne prend pas trop de place. Au fond, un guéridon, simple, élégant, avec une étagère en bas sur laquelle se trouve une bouteille de whisky bien entamée et des verres. Au mur, un tableau, assez grand, sobre mais de bonne qualité. En gros, cette pièce est riche mais dépouillée.

 

Une porte à cour, une à jardin, et une autre au fond. Celles à cour et à jardin sont « normales », celle du fond est plutôt une double porte vitrée, du genre à petits carreaux, qui est ouverte.

 

Nous sommes dans une des pièces d’une grande demeure, celle d’un auteur à succès que le matérialisme n’intéresse que peu mais qui n’aime pas la médiocrité pour autant.

 

I – LES ARRIVEES – Tout le monde en scène ou presque

 

1 -

Pontilly est vautré dans un fauteuil, morose.

 

Mathilde : Ah ! Papa, tu es là.

Pontilly : Mmmm…

Mathilde : Tu vas mettre ça ?

Pontilly : Mmm ?

Mathilde : Tu vas t’habiller comme ça, ce soir ?

Pontilly : Mmmm.

Mathilde : Ce n’est pas possible ! Tu as bien un smoking, quelque chose…

Pontilly : Un smoking, ce n’est pas moi. Là, ça me représente bien…

Mathilde : Ah. ... Euh... Bon. Je voulais te dire qui allait venir ce soir.

Pontilly : Ouh ! Là ! Alors il me faut des munitions…

 

Il se lève et va chercher la bouteille entamée et un verre puis retournera s’asseoir.

 

Mathilde : Papa.

Pontilly : Un soldat qui ne peut pas se défendre, faute de munitions, devient vite un cadavre. Je préfère l’inverse : les descendre et en faire des cadavres moi-même.

Mathilde : Si tu t’intéresses un peu à ce qui se passe dans cette maison, nous recevons ce soir. Une petite soirée en l’honneur de ceux que tu soutiens et de ceux qui te soutiennent.

Pontilly : Tant de gens pour se soutenir, je peux boire sans crainte de m’effondrer…

 

Il débouche la bouteille et reste un instant en suspens.

 

Mathilde : Je te fais la liste des invités ? Ils sont sept… Papa ? Ça ne va pas ?

Pontilly : Tu ne t’es jamais demandé pourquoi il y avait des verres ?

Mathilde : Euh… Non. Pour boire…

Pontilly : Je trouve qu’il faut se passer des intermédiaires ! Direct à la source !

 

Il pose son verre et boit à la bouteille. Il boira plusieurs fois durant les répliques suivantes.

 

Mathilde : Papa… Bon. Il y aura madame Trangin.

Pontilly : Une voleuse !

Mathilde : Une femme de bonne volonté ! Elle sera accompagnée d’une de ses protégées, mademoiselle, Camillia je crois…

Pontilly : Usurpatrice !

Mathilde : Papa ! Madame Trangin s’occupe aimablement de gens… de gens…

Pontilly : Débiles.

Mathilde : Faibles d’esprit ! Et nous lui donnons un peu d’argent pour l’aider à gérer son établissement.

Pontilly : Une voleuse !

Mathilde : Il y aura aussi monsieur Hambert.

Pontilly : Un menteur !

Mathilde : Il est maire !

Pontilly : Un menteur, c’est ce que je dis.

Mathilde : Papa, il veut faire jouer une de tes pièces dans le théâtre qui porterait désormais ton nom ! C’est important que nous le recevions.

 

Pontilly, montrant la bouteille.

 

Pontilly : Il y en a encore beaucoup ? Parce qu’il ne me reste pas de quoi tenir longtemps…

Mathilde : Monsieur Vaillard, le décorateur.

Pontilly : Fumiste…

Mathilde : Il nous a gentiment proposé de refaire gratuitement notre intérieur ! Mademoiselle Gilena…

Pontilly : Piailleuse sans voix.

Mathilde : … la chanteuse de talent. Madame Roove…

Pontilly : Une merde.

Mathilde : … qui te veut absolument dans sa prochaine émission.

Pontilly : Hors de question !

Mathilde : Papa ! Ça relancerait tes pièces de théâtre !

Pontilly : Laisse mes pièces ! Si elles ne tombent pas pile, on les efface…

Mathilde : Mmmmffff… Et enfin…

Pontilly : C’est pas fini ?!

Mathilde ( tout doucement ) : La Baronne de Nantillac…

Pontilly : Qui !?

Mathilde : La Baronne de Nantillac.

Pontilly : Ah ! Non ! Tu veux ma mort !

Mathilde : Elle nous a obligeamment invité la dernière fois ! On devait lui rendre l’invitation…

Pontilly : On ne pouvait pas lui rendre pour qu’elle la garde une bonne fois ?

Mathilde : Papa…

Pontilly : Elle a failli m’avoir chez elle, tu veux qu’elle m’achève, c’est ça !

Mathilde : Mon papa… Sois mignon… Elle t’aime beaucoup…

Pontilly : Ce n’est pas réciproque.

Mathilde : Tu es seul depuis si longtemps… Elle te ferait une bonne compagnie…

Pontilly : Elle ? Plutôt mourir ! Ou la tuer… L’un ou l’autre, peu importe, mais que je sois tranquille.

Mathilde : Papa !

Pontilly ( regardant la bouteille vide ) : Et c’est maintenant que ma meilleure amie me lâche…

 

2 -

 

La serveuse entre.

 

Serveuse : Voilà, mademoiselle, tout est prêt.

Mathilde : Parfait, nous allons voir… Tu viens papa ?

Pontilly : J’arrive…

Serveuse : Monsieur…

 

La serveuse va pour sortir.

 

Pontilly : Teup’, teup’, teup’… Dîtes-moi, charmante enfant…

Serveuse : Monsieur ?

Pontilly : Voudriez-vous aller me chercher une autre bouteille ?

Serveuse : Certainement, monsieur.

 

Elle va pour sortir, mais Pontilly la rattrape.

 

Pontilly : ‘Tendez… Vous pourriez peut-être la monter tout à l’heure dans ma chambre…

Serveuse : Non, monsieur, je… J’ai du travail ici, je ne peux pas…

Pontilly : Et rester un instant…

Serveuse : Monsieur… Ce n’est pas possible, je… Non, je ne veux pas.

Pontilly : Allons, allons… La dernière fois…

Serveuse : Justement, la dernière fois, ce n’était pas bien ! Oh ! J’ai honte… Vous m’avez fait boire et vous… Oh ! Mon Dieu ! Non, je…

Pontilly : Eh ! Ben justement, je te consolerai… Pour te faire oublier… Il faut soigner le mal par le mal et le bien par le bien…

Serveuse : Non, arrêtez, je… Ce n’est pas bien ce que vous avez fait ! Ce que nous avons fait.

Pontilly : Tu sais bien que je me suis senti proche bien avec toi… Pourquoi me priver de ça…

Serveuse : S’il vous plaît, monsieur, non ! Non, je ne veux pas !

 

Elle sort.

 

Pontilly : Bon… J’espère qu’elle pensera quand même à ma bouteille…

 

3 -

 

Mathilde : C’est très bien. Ben… Elle n’est plus là ?

Pontilly : Non.

Mathilde : C’est parfait, tu veux voir ?

Pontilly : Non…

Mathilde : J’ai fait ouvrir les différents salons. Il y a des plats un peu partout, on pourra se servir où on veut et se balader en discutant. C’est bien, non ?

Pontilly : Je viens justement de me faire envoyer balader… Je ne trouve pas ça particulièrement bien, non…

Mathilde : Tu t’es fait envoyer… Pas la serveuse !? Ah ! Mais si c’est ça, il faut le dire tout de suite ! On prévient l’agence d’intérim et elle ne remettra plus jamais les pieds ici !

Pontilly : Ah ! Non, non !

 

On sonne – une jolie sonnerie bourgeoise, carillonnante, un peu chargée... La serveuse va à l’entrée.

Mathilde : Qu’est-ce que tu penses de cette nouvelle sonnette que j’ai fait installer ?

Pontilly : Je me demande si ça ne va pas vite devenir ennuyeux…

Mathilde : Mais non, voyons…

 

La serveuse arrive, accompagnée de Vaillard.

 

Serveuse : Monsieur Vaillard.

Vaillard : Mon Dieu !

 

La serveuse s’en va.

 

Mathilde : Quoi ?

Pontilly : Qu’est-ce qu’il a ?

Vaillard : Mon Dieu ! Mon Dieu ! Mon Dieu !

Mathilde : Quoi ? Quoi ? Quoi ?

Pontilly : V’la qu’il reçoit la grâce chez moi, c’est bien ma veine !

Vaillard : Mon Dieu, mais que tout chez vous est… brun… beige… cette couleur, là ! Que c’est triste !

Mathilde : A ce point là ?

Vaillard : Je ne sais pas si mes pauvres yeux sensibles vont réussir à supporter cela toute la soirée !

Pontilly : Eh ! Ben rentrez chez vous !

Vaillard : Mon Dieu ! Mon Dieu !

Pontilly : Vous l’avez déjà dit.

Vaillard : Mais c’est si… si… Antédiluvien ! C’est une atteinte aux droits du bon goût ! Une attaque terroriste à l’esthétisme !

Mathilde ( à Pontilly ) : Tu vois ! Je te l’avais dit !

 

Pontilly tombe des nues.

 

Mathilde : Je n’arrête pas de lui répéter, mais lui ne veut absolument rien changer.

 

Pontilly continue de tomber des nues…

 

Vaillard : Mon Dieu !

Mathilde : Et je lui dis pareil ! Antédiluvien ! Il faut vivre dans son temps, la modernité de… de… C’est quoi votre formule, déjà ?

Vaillard : Ma ?

Mathilde : Formule. Je vous ai entendu en parler l’autre jour chez madame Nantillac…

Vaillard : Ah. Euh… La… La, la… Suivre la modernité… La modernité du tempo coloré du vent irisé des couleurs.

Mathilde : Il ne me semble pas que ce fut ça…

Vaillard : Oui, mais c’est parce que je change de formule tous les jours.

Mathilde : Ah ?

 

Comme ce n'est pas agréable de lire des kilomètres de pages sur internet, vous pouvez télécharger les deux premiers actes en cliquant ICI

Date de création : 06/04/2007 ~ 11:52
Dernière modification : 15/11/2011 ~ 10:31
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