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Poison d'avril - Extraits

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Idéalement : cuisine de la chambrée : table, chaises, un mini-frigo, une gazinière…Sinon, sorte de salon avec juste table et chaises. Sinon, plateau nu ou chambre avec lits et armoires. Ce que vous voulez, en fait, c’est la salle de l’appartement de ces gens où ils se retrouvent le plus, lieu commun.

 

Le narrateur peut être partagé en plusieurs narrateurs qui se battent pour dire leurs phrases, se complètent, forment un duo, trio, … Vous pouvez inventer beaucoup de choses avec ce personnage qui est le lien entre les spectateurs et les comédiens.

 

Narrateur : Mesdames, messieurs, bonsoir, bienvenue. Mesdemoiselles aussi, y’a pas de raison… L’histoire que nous allons vous jouer ce soir… Enfin… Qu’ils vont vous jouer, moi je joue pas, j’aime pas ça… C’est un truc, être comédien, faire croire, tout ça… Personnellement, j’y arrive pas. Je suis venu parce qu’il y avait une petite introduction, que j’aime bien parler mais pour jouer… Aha ! Pas question… Ça y est ! Je recommence ! Donc. L’histoire qu’ils vont vous jouer est une histoire vraie, comme tous ces trucs fous que les américains nous font, le gamin qui tue son copain de classe, la fusillade au lycée, l’employé qui pète les plombs et massacre ses collègues… Celle-ci s’est déroulée aux Etats-Unis, dans une bourgade du Texas que personne ne connaît, je ne vais pas m’étendre sur la géographie, j’y suis assez mauvais… Par là, quoi… C’était en 1992. Si vous aviez lu les journaux de l’époque, ça vous aurait évité d’acheter une place pour ce spectacle, tant pis… Sauf les personnes qui sont rentré gratos, hein, y’a toujours des favorisés… On sait pas comment ils font d’ailleurs, mais y’en a toujours… Vous savez, dans les files d’attente, ils sortent une invitation dont ne sait où… Ils sont toujours devant moi, à tous les coups, moi j’ai pas le bol, c’est toujours devant mon nez... Bref. Je digresse, là… Revenons au prologue. C’est pas que j’aime les prologues, hein… C’est l’auteur qui l’a écrit, pour situer l’action, je suis bien obligé de le dire… Quoique non, remarquez, on aurait pu le couper, mais bon, on l’a gardé… On s’est posé la question, quand même, mais… Ça y est, je suis reparti ! J’ai une large tendance à digresser, faut pas me laisser faire : si vous voyez que je m’écarte du sujet, faut me le dire sinon, on est encore là demain... Vous me faîtes des grands signes, je comprendrai… Donc. Au Texas, 1992. Vous savez comment sont les américains, hein ? Ils ont des Mormons, des sectes diverses, des catholiques extrémistes, tout un tas de gens bizarres… Des fois quand on voit tout ça, on se demande s’il y en a des normaux. Enfin, je dis, ça, moi, je dis rien, hein, je m’en fous, faut être tolérant sinon… Et puis de toute façon, ils m’embêtent pas, moi, ils viennent pas chez moi pour manger… Et voilà, je m’écarte encore et personne ne me dit rien ! Non, faut faire des signes, hein, sinon on ne s’en sortira jamais… Je ne vous sens pas très attentif, là… Donc. C’était dans une sorte d’école, de pensionnat, de caserne ou de dortoir pour entreprise… Alors, là, je dis attention ! C’est flou comme lieu, mais c’est pas que l’auteur le sache pas, hein. Il a fait des recherches, il sait tout de l’histoire. Mais s’il met collège et que des adultes veulent le jouer, c’est pas possible. L’inverse, pareil : s’il met caserne militaire et que des adolescentes veulent faire la pièce, ça marche pas, alors il reste flou, exprès, comme ça tout le monde peut le jouer… Là, je dis, malin ! Pas que je veuille lui jeter des roses, mais tout de même, c’est pratique, comme ça on peut le jouer avec des ados, des adultes, que des hommes, des femmes, mixtes, enfin, c’est pratique. Et puis c’est aussi pratique pour toucher plus de droits d’auteur, mais bon c’est autre chose… Ah ! Merci, on me fait des signes… Bon, c’en est un de notre troupe, mais le système semble s’intégrer. Donc. Texas, 1992, collège, lycée, caserne, dortoir, ça, je l’ai dit. Ah ! Oui… Donc, lieu un peu bizarre, sorte de… C’est pas une secte, mais un lieu très disciplinaire. Alors forcément, les gens, dedans, ils sont un peu… Pas dérangé, hein, je ne juge pas… Pas bête non plus… Illuminés, voilà, c’est presque le mot que je cherchais, illuminés ! C’est énervant, ça, quand on cherche un mot, on l’a sur le bout de la langue et il sort pas. Et pourtant, j’ai appris mon texte – enfin, ce que j’avais à dire – je le sais, mais bon… Je vérifierai plus tard… Quand ça veut pas venir... Oui, oui, coucou… Hein ? Ah ! Oui, les gestes, je m’écarte ! J’allais oublier notre code, tiens… Donc. Lieu disciplinaire. Alors ceux qui sont là, ils sont là pour obéir, gérés pour aller au bout de leur idée. Enfin, quand je dis de leur idée… Au départ, non. Des ordres. Ils sont là pour faire ce qu’on dit. Comme dans un lycée ou un truc de formation, mais en pire. On leur dit, lave les toilettes, boum, ils lavent les toilettes jusqu’à ce que ce soit assez propre pour qu’on y fasse à manger. Encore que je sais pas qui pourrait vouloir faire à manger dans des toilettes, mais bon. Si on leur disait va faire à manger dans les toilettes, eux, ils iraient, hein… Alors voilà, Texas, 1992, lieu disciplinaire… Je crois que j’ai tout dit. Le décor est planté, je vous laisse au spectacle. Bonne soirée à tous.

 

Le narrateur sort, 1 entre par une porte à jardin, celle qui donne sur les chambres, commence à préparer le petit déjeuner. Bientôt, 2 entre du même côté. Ils sont en pyjama ou caleçon, chemise de nuit ou T-shirt long, pas ridicules.

 

2 : Vache ! On se lève pas un peu plus tôt tous les jours ?

 

1 : C’est surtout qu’on se couche un peu plus tard tous les soirs, ouais…

 

2 : C’était pas à l’autre de préparer le p’tit déj’, ce matin ?

 

1 : Si, mais même si je lui coupais un doigt, il se réveillerait pas…

 

 

 

1 : Eh ! Tu sais quel jour on est aujourd’hui ?

 

2 : Tu penses que je le sais…

 

 

 

1 : Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?

 

2 : On prend l’autre et on le transporte sur le toit, ça va lui faire drôle quand il va se réveiller !

 

1 : Arrête.

 

2 : Oh, ça va, je plaisante…

 

1 : J’aime pas ce style d’humour.

 

2 : Ça va, j’ai pas dis que j’allais le faire, je plaisantais, tu sais bien que je suis le règlement !

 

1 : C’est pas qu’une question de règlement, ils ont raison. Si on doit un jour travailler en équipe, il faut apprendre à se respecter dans l’équipe. On a pas à se juger, à se mépriser ni même à se faire des blagues, c’est pas l’esprit.

 

2 : Je l’aurais pas fait, je te dis.

 

 

 

3 entre, la tête dans le luc.

 

 

 

3 : Ouah ! Vous m’avez réveillé.

 

2 : C’était à toi de faire le petit déjeuner…

 

3 : Merde !

 

1 : C’est bon, je le fais…

 

3 : Ben Merci…

 

1 : Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?

 

3 : Qu’est-ce qu’on fait quoi ?

 

2 : Tu sais quel jour on est ?

 

3 : Euh… Mercredi… C’est pas ça ?

 

1 : Si, mais mercredi quoi ?

 

3 : Pfff… Vous êtes rudes, le matin, vous… Euh… Mercredi premier.

 

2 : Premier quoi ?

 

3 : Ben, avril.

 

1 : Et…

 

3 : Et quoi ?

 

2 : Bon, allez, bois ton café, ça va venir.

 

1 : En attendant, faut qu’on se fasse les voisins. T’as des idées ?

 

2 : Quelques unes…

 

1 : Moi, j’ai pas réfléchi, ça m’est revenu hier soir en m’endormant.

 

3 : Mercredi premier avril ! On est le premier avril !

 

2 : Tu vois ? Je t’avais dit que ça allait venir…

 

3 : Ouah ! J’ai rien prévu, moi…

 

 

 

4 et 5 entrent côté cour, par la porte qui donne sur le couloir, en T-shirt et short, ils reviennent d’un jogging ( oui, même en avril, les sportifs sont bêtes et ils se découvrent d’un fil… ).

 

 

 

3 : Je comprends pas comment vous faites ça si tôt le matin…

 

4 : Pour être en forme.

 

5 : Ça réveille.

 

3 : Quelle horreur !

 

1 : Vous savez quel jour on est ?

 

4 : Ouais.

 

5 : Ouais.

 

2 : J’ai quelques idées…

 

4 : Modestement mais en gros, on peut dire que nous aussi.

 

5 : C’est déjà fait.

 

2 : Déjà fait ?

 

5 : Ouais, nos idées…

 

4 : Je ne vois pas trop comment le dire autrement… Non, le mieux c’est : « C’est déjà fait ».

 

2 : Ah, d’accord.

 

4 : Comment ça « Ah, d’accord » ? Quoi ?

 

2 : Non, rien…

 

1 : Allez, dîtes… Vous avez fait quoi ?

 

3 : Ouah… J’ai l’impression de pas être dans le même fuseau horaire que vous, moi…

 

5 : Allez, fais pas la gueule, vous allez rire…

 

2 : Ouais, enfin… Normalement, on est un groupe, on fait les trucs ensemble.

 

3 : Bon… Et alors, lentement pour que je comprenne, vous avez fait quoi ?

 

2 : Tu dis rien, toi ? Tes discours sur l’unité, on forme une équipe, tous être solidaire, c’est juste de temps en temps…

 

1 : Allez, c’est le premier avril, on est là pour rigoler… Alors, vous avez fait quoi ?

 

4 : Déjà, on a collé sur leur porte une jolie petite affiche qu’on avait soigneusement préparée et qui dit… « Dépotoir ».

 

2 : Qui c’est qui va la lire à part nous ? On est au bout du couloir, personne ne passe par là…

 

3 : Dépotoir… C’est bon, ça.

 

1 : Et quoi d’autre ? A voir vos têtes, vous vous êtes pas arrêté là. Allez, racontez…

 

5 : Après, on a ramené tous les sacs poubelles qu’on a trouvés et on les a mis devant leur porte !

 

3 : Trop fort !

 

2 : Ouais, bon, c’est tout ?

 

1 : Mais arrête, ça n’empêche pas de faire tes blagues aussi…

 

3 : Wah ! J’imagine la tête qu’ils vont faire quand ils vont sortir de leur piaule, eh !

 

2 : Ouais… Qui veut du café ?

 

4 : Attends… Ecoute un petit peu, on est en train de te raconter notre épopée et tu vas louper le meilleur ! C’est pas fini…

 

5 : Ouais, en revenant de notre footing…

 

4 : On leur a claqué une boule puante dans la chambre !

 

3 : Ouah ! La totale ! Géniaaaaaaal…

 

1 : Ah ! Ouais, super ! L’affiche, les poubelles, la boule, terrible !

 

4 : Je dois avouer que c’est lui qui a eu cette excellente idée de faire une blague à thème.

 

5 : Ouais, mais la boule, c’est toi.

 

2 : Et je peux savoir comment vous avez mis une boule puante dans leur piaule ?

 

4 : Tu as parfois des questions étonnantes qui me dépassent… On est sur Terre, dans un monde civilisé… Qu’est-ce que tu veux qu’on ait fait ? On a toqué…

 

5 : C’était fermé, on allait pas défoncer la porte.

 

1 : Logique.

 

3 : Ouahahah ! Comment ils doivent se les geler, les fenêtres ouvertes pour évacuer !

 

2 : Ouais. Et donc, ils vous ont vus.

 

5 : Ben oui, forcément, on est pas invisibles...

 

2 : Donc, il faut s’attendre à des représailles.

 

4 : Eh ! C’est pas grave, c’est le premier avril, c’est la coutume qui veut cela depuis des générations… Donc : c’est normal de se faire des blagues…

 

1 : Parce que tu crois qu’ils nous auraient attendu, toi ?

 

2 : Tout ce que je sais, c’est que c’est l’heure de se préparer, on va être à la bourre…

 

3 : Oh ! Putain, oui !

 

Comme ce n'est pas agréable de lire des kilomètres de pages sur internet, vous pouvez télécharger les deux premiers actes en cliquant ICI

Date de création : 06/04/2007 ~ 11:38
Dernière modification : 15/11/2011 ~ 10:34
Catégorie : Poison d'avril
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